Quelque part en Ariège, un modèle d’entreprise d’insertion alliant économique et social : le centre de tri du Plantaurel

13 janvier 2017

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Pour l’illustrer concrètement, nous avons rencontré Guilhem Mayer, directeur de la SCIC[i] du Plantaurel, entreprise d’insertion dans le secteur du tri des déchets, avec un client unique, le Syndicat Mixte d’étude et de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères (SMECTOM) du Plantaurel

Aujourd’hui, le SMECTOM est chargé de la collecte des déchets ménager de plus de 130 000 habitants sur la zone Est du département.

De l’idée à l’aboutissement

Suite à la mise en place de la collecte sélective, il y a plus de 20 ans, le SMECTOM a construit un centre de tri des emballages achevé en 2004.

L’un des souhaits des élus était de pouvoir, au-delà de trier les emballages, développer une activité économique permettant l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. Le modèle de l’entreprise d’insertion, de par son inscription dans l’économie de marché avec une finalité sociale, s’est imposé.

Présent depuis le début, Guilhem Mayer a été conseillé et accompagné par l’UREI Midi Pyrénées, dans le choix innovant du statut SCIC et dans la création de l’entreprise en accord avec les valeurs d’engagement, d’exigence, d’innovation et de solidarité.

Le modèle de la SCIC était parfaitement adapté aux attentes du SMECTOM, car il s’agit bien d’un prolongement de service public effectué par une entreprise privée.

Ce projet permet à l’ensemble des parties prenantes d’y trouver son compte : le SMECTOM parce qu’il gagne en efficacité, en qualité de tri et en coût, le territoire et les élus en répondant aux besoins de la population et en développant des emplois localement.

La SCIC du Plantaurel créée le 1er septembre 2004, emploie à ce jour, 33 salariés en insertion et 13 salariés permanents

Les évolutions de la SCIC du Plantaurel

Au fil du temps, le tri s’est démocratisé et le nombre de tonnes de déchets reçues à considérablement augmenté pour atteindre 4 500 tonnes par an, imposant une adaptation permanente tant technologique que sociale.  

Comme Guilhem Mayer nous l’explique « nous avons dû nous adapter et en 2010 le centre de tri a été modernisé ». Une nouvelle zone a vu le jour avec l’ouverture automatisée des sacs, une zone de pré-tri et la séparation automatique de l’acier.

En parallèle à cette modernisation, nous avons obtenu le label qualité QUALIREI qui vise à optimiser, valoriser et garantir la qualité des pratiques sociales au sein de l’entreprise. 

Entre 2013 et 2014, la zone de collecte a considérablement augmenté avec l’intégration des villes de Mirepoix et de Foix, soit à ce jour plus de 130 000 habitants.

Si, depuis 2014, nous sommes dans une phase de stabilisation, nous sommes néanmoins toujours en recherche de nouveaux projets. »

Les projets d’avenir

- Depuis 2014, un nouveau projet a vu le jour avec « ECO-ORDI 09 ». Il s’agit de démanteler et de remettre en service des ordinateurs. Concernant cette activité, les comptes restent encore à équilibrer. Un effort particulier va être porté sur le développement des ventes.

- L’évolution réglementaire va imposer, d’ici 2022, l’extension des consignes de tri, avec l’intégration des barquettes et des pots en plastique. La SCIC du Plantaurel sera opérationnelle sur ces nouvelles consignes dès 2017

- Par ailleurs, le SMECTOM envisage de moderniser une nouvelle fois le centre de tri avec un système mécanisé d’ici 2020.. Les élus doivent encore se prononcer sur ce point. 

Le SMECTOM émet la possibilité que la SCIC puisse assurer la collecte du verre. Ce projet est en cours de discussion et les élus doivent arbitrer. 

Un exemple en matière de suivi social

En plus du suivi classique des salariés en insertion, la SCIC du Plantaurel se démarque en proposant un dialogue permanent.

Elle compte 33 postes en insertion, 2 Conseillères en Insertion Professionnelle CIP et 2 Encadrants Techniques ET, et 2 chefs d’équipes. L’encadrement des salariés en insertion est une priorité d’où ce ratio d’accompagnement élevé.

Ce ratio s’explique également par le fait que le secteur du tri des emballage ne permet que très peu de sorties positives dans le même secteur d’activité. Le travail des encadrants techniques et des CIP est d’ accompagner les salariés à transposer les compétences acquises lors du tri dans d’autres métiers.

Outre la tenue de réunions hebdomadaires, afin de faire le point notamment sur la production, les problèmes rencontrés ou les projets de formation, la SCIC a également mis en place des groupes de parole entre les salariés.

Ces rencontres mensuelles par demi-groupe d’environ 15 personnes sont réalisées pendant le temps de travail. Elles sont animées par une psychologue et les thèmes liés à la cohésion d’équipe sont choisis par les salariés eux-mêmes.

En complément, de ces temps collectifs, la SCIC propose depuis 2015, un suivi individualisé réalisé par une autre professionnelle permettant ainsi aux salariés de disposer d’un lieu de parole. 

Ces espaces d’expression sont depuis leur mise en place, très bien reçus et perçus par les salariés. ils ont permis une plus-value immédiate tant dans les parcours d’insertion, les relations humaines que dans la vie de l’équipe.

Un autre axe d’accompagnement bénéficie d’une attention toute particulière malgré un protocole « contraignant mais utile ». Il s’agit du recrutement des futurs salariés.

Dans un premier temps, il est proposé une journée d’information collective de présentation de l’entreprise avec visite des locaux et explication des activités et des postes de travail. Dans un 2ème temps, les candidats sont reçus individuellement par la Conseillère d’Insertion Professionnel CIP et un représentant de Pôle Emploi ou de la Mission Locale, afin de faire le point sur leur situation et leur motivation.

A l’issue de cette journée, les candidats retenus passeront en commission de recrutement pour valider définitivement l’embauche.

Après avoir passé la phase d’embauche, les salariés en insertion bénéficient de deux semaines d’adaptation/formation. Théorique durant 2 à 3 jours, elle leur permet ensuite d’aller se confronter au terrain avec une augmentation progressive de la cadence de tri. Ces deux semaines de formation permettent aux ET d’accompagner ces nouveaux salariés, de transmettre les consignes sur le travail et la sécurité tout en restant vigilants sur le comportement des salariés sur la chaine de tri.

Ce processus de recrutement permet ainsi de limiter de façon considérable le nombre d’abandons.

La SCIC du Plantaurel nous montre tout l’intérêt d’utiliser un modèle économique de type privé pour assurer la continuité d’un service public. Elle permet également d’apporter une nouvelle offre d’emploi sur le territoire pour des publics éloignés de l’emploi.

Elle est un outil majeur pour le département pour diminuer de façon continue et durable le nombre d’allocataires du RSA à sa charge.

[i] La SCIC Société Coopérative d’Intérêt Collectif, est un statut juridique particulier, permettant d’associer toute personne physique ou morale, de droit privé ou de droit public, autour du projet commun au sein d’une entreprise commerciale. Existant depuis 2001, cette structure juridique reste néanmoins innovante